Nous allons vous parler de la plaque fixée en façade du commissariat de Noisy-le-Sec. Elle a été posée le 9 mars 1946 en présence de M. Henri Quatremaire, maire et de M. Orsini secrétaire du FMRPP.
Nous pouvons y lire : « Le commissariat de Noisy-le-Sec à ses morts pour la France« . Sur cette plaque plusieurs noms. Tout d’abord des déportés morts en captivité : Breheret Georges, Mougenot René et Cousin Albert. Ensuite des fusillés par les Allemands : Gante Bernard et Douret Marcel.
Breheret Georges : déclaré déporté mort en captivité
Gardien de la paix à Noisy-le-Sec, Georges Breheret est né le 31 aout 1895 à Fenou dans le Maine et Loire. Son pseudo dans la Résistance était Lefort, il était agent de renseignements.
Dénoncé pour la détention d’un poste émetteur, il est arrêté dans les locaux du poste de police de Villemomble le 13 novembre 1943, vers 20 h, par les services allemands.
Dans l’après-midi les Allemands s’étaient présentés à son domicile de la part d’un certain « Alain » que Georges dit ne pas connaitre. Avant de partir, les Allemands tirèrent deux ou trois coups de feu en direction de Georges sans le toucher, sûrement pour lui faire peur. Cet incident passé, Georges Breheret ira au poste de police déclarer les faits. C’est là qu’il est interpellé.
Pendant ce temps sa femme et son fils arrivent à s’enfuir. Le policier avait en fait déposer le poste émetteur chez un voisin.
Interné à Fresnes puis déporté, il meurt à Mauthausen le 16 mars 1944. Réintégré à titre posthume dans les rangs de la police comme brigadier-chef, Georges Breheret est aussi homologué lieutenant et décoré de la médaille de la Résistance et de la Croix de Guerre.
Mougenot René Alexandre :
Né le 26 décembre 1902 à Paris.
Décédé à Mauthausen.
Recherches en cours. Cote dossier service historique de la Défense AC21P518796
Cousin Albert : matricule de déporté KLB 78182
La famille Cousin vivait au 88 allée Mollien à Pavillons-sous-Bois. Gardien de la paix, il était affecté au commissariat de Noisy-le-Sec.
En 1941 il rejoint la Résistance. Le 15 avril 1944, il est sous-lieutenant FFI du groupe de police « Armor ». Il est spécialisé dans l’hébergement des aviateurs et parachutistes alliés. Il est arrêté par la Gestapo et interné à Fresnes. 4 mois plus tard, le 15 août 1944, il est transféré à la gare de Pantin pour y être déporté. Un train de 1654 hommes et de 546 femmes prend la direction de l’Allemagne. Les hommes arrivèrent le 20 août à Buchenwald ou ils furent immatriculés et les femmes arrivèrent le le demain à Ravensbrüch.
Buchenwald sert de lieu de transit, Albert Cousin y effectue sa période de quarantaine au camp des tentes du « Petit camp » avant de rejoindre le camp de Dora. Affecté au kommando de travail d’Ellrich, il travaille avec des milliers de détenus au creusement de galeries souterraines ou à des travaux de terrassement de surface. Albert Cousin meurt le 11 décembre 1944 (soit 4 mois environ après sa détention).
Homologué FFI et déporté interné résistant, le nom d’Albert Cousin a été gravé sur la stèle du commissariat de Noisy-le-Sec au côté de ses collègues.
Dans cette seconde partie, nous étudierons le sort des fusillés par les Allemands.
Douret Marcel : fusillé par les Allemands.
Né le 25 novembre 1913 à Monthermé dans les Ardennes, il a été exécuté le 16 août 1944 à la cascade du bois de Boulogne, Paris 16ème.
Gardien de la paix, membre du Mouvement de la Libération Nationale, des Forces Françaises Combattantes et des Forces Françaises de l’Intérieur FFI.
Le 13 octobre 1934 il est incorporé dans le 16ème bataillon de chasseurs à pied à St Avold dans les Vosges. Il est libéré avec le grade de caporal. Il demeure au 16 rue des Glycines à Gagny. Il épouse Marguerite Chapin, le couple demeure par le suite au 19 rue de la cote des Levants à Villemomble.
Il entre dans la police le 23 mars 1938, il est affecté au commissariat de Noisy-le-Sec. Août 1944, des résistants de différents groupes (FFI, FTP de Chelles, des Jeunes Chrétiens Combattants et de l’organisation civile et militaire) se préparent pour réceptionner 3 tonnes d’armes qui allaient tomber du ciel. Malgré une mise en garde de l’entourage du Dr Henri Blanchet (capitaine FFI) suspectant ce largage, malgré cet avertissement l’opération se poursuit.
En fait, ce groupe de résistants avait été infiltré par Guy Glèbe d’Eu alias Guy de Montreuil, chef de groupe de la Gestapo installée rue des Saussaies à Paris et de Karl Rehbein du service des renseignements de la SS. Gye de Montreuil parlant sans difficulté plusieurs langues, se fit passer pour un capitaine anglais prénommé Jack. Il avait ainsi réussi à infiltrer le réseau.
Le 16 août 1944, vers 8 heures du matin, Marcel Douret et Bernard Gante également gardien de la paix, dont le nom figure également sur la plaque du commissariat, participent à l’escorte du camion devant aller chercher les armes pour les résistants. L’opération était commandée par le Dr Henri Blanchet chef des FFI et FTP de Chelles et Jean Favé chef de groupe FFI de Gournay.
Près d’une cinquantaine de résistants, dont une vingtaine âgés de moins de 20 ans, sont répartis dans deux camionnettes et une ambulance. Jack et un de ses complices les attendent au RV fixé à la porte Maillot à l’angle des rues St Ferdinand et de la Grande Armée. Le convoi va à quelques rues de là empruntant vers 11h30 la rue d’ Amaillé et entre au 11bis dans un grand garage.
Aussitôt les véhicules sont cernés par une trentaine de SS et d’hommes de main en civil commandés par le lieutenant SS Walter. Ils tirent sur les résistants et capturent 34 d’entre eux non armés.
Ils seront emmenés avenue Foch, rue Leroux et rue des Saussaies où ils seront interrogés sous la torture. Le lendemain matin on relèvera 7 cadavres devant l’immeuble du 14 de la rue Leroux.
Dans la soirée du 16 août 1944, des bruits retentirent près de la cascade du bois de Boulogne, la Gestapo exécutait et massacrait à la mitrailleuse et à la grenade les 34 hommes dont Marcel Douret. Le corps du Dr Henri Blanchet abattu de 4 balles de révolver par des gestapistes rue Victor Hugo, fut déposé à côté des cadavres. Ils seront exposés dans un garage de la rue Chardon-Lagache où les familles viendront les identifier.
Guy Glèbe d’Eu, alias Jack, responsable d’une centaine d’arrestations notamment des exécutions de la rue Leroux et de la cascade du Bois de Vincennes, comparut le 2 avril 1949 devant la cour de justice de Paris. Condamné à mort, il fut passé par les armes le 20 avril au fort de Montrouge.
Marcel Douret, inhumé le19 août 1944 au cimetière de Bagneux, exhumé le 2 octobre, une cérémonie religieuse se déroula dans l’église de Villemomble, puis réinhumé dan s le caveau familial au cimetière de Gagny.
Il fut déclaré « victime du devoir » cité à l’ordre de la Nation, décoré de la Légion d’Honneur à titre posthume, homologué FFI et membres des Forces Françaises Combattantes.
Son nom figure sur les stèles du commissariat de Noisy-le-Sec, de la Cascade du Bois de Boulogne, sur la liste des morts pour la Libération de Paris au musée de la Police et sur le monument aux morts de Villemomble. Une rue porte son nom. Son nom est inscrit sur le mémorial de la Résistance ardennaise de Berthaucourt à Charleville-Mezières dans les Ardennes.
Postérité : la scène est décrite dans le film Paris brûle t-il ? avec Jean-Louis Trintignant dans le rôle du capitaine Serge, l’agent double qui piège les résistants et notamment Michel Sardou et Patrick Dewaere qui font de la figuration comme résistants.
Retrouvez les noms des 35 résistants massacrés à la cascade du Bois de Boulogne le 16 août 1944 sur https://memoire-histoire.fr/2018/09/08/les-fusilles-du-bois-de-boulogne/
Admira et Jean-Raymond Marqueteau