Carte Cassini

Entre le 18 eme siècle et le premier tiers du 19 eme siècle, la Seine-Saint-Denis montre un paysage rural de villages, entouré de champs, de prés, de vergers. Les céréales, le vignoble sur les coteaux et l’élevage dans les prés à proximité des rivières en sont, au Moyen Age, les principales ressources. Les forêts comme celle de Bondy, alors particulièrement étendue, fournissent le bois de charpente et de chauffage. On retrouve l’empreinte de cette vaste forêt dans la toponymie de tout l’est de l’Ile-De-France. Elle est entourée alors de manoirs et de plusieurs châteaux avec leurs parcs.

Au cours des siècles, les grands domaines fonciers se développent, alors que, parallèlement, de petits exploitants cultivent sur les coteaux de la rive droite de la Seine tout d’abord de la vigne, puis, à partir du XVIe siècle, les cultures maraîchères et fruitières.

Ce sont ces mêmes paysages que l’on rencontre à la veille de la Révolution : des terres soigneusement mises en culture, où la forêt de Bondy reste très étendue. Les paysages sont ponctués par des villages peu importants ou par les châteaux des seigneurs et des grands propriétaires de domaines. Seule Saint-Denis est une ville conséquente et Montreuil un gros bourg. Dans le courant du 19 eme siècle, toute la frange sud-ouest du département, au contact de Paris, s’urbanise. La forêt de Bondy commence à être sérieusement amputée : de nouvelles ventes, le creusement du canal de l’Ourcq, de routes, de chemins…

Quand éclate la Révolution, les indigents forment un cinquième de la population, ce qui provoque l’apparition de bandes de mendiants qui inquiètent les villageois. L’ardeur révolutionnaire est vive : le 25 juin 1791, Louis XVI, après sa tentative de fuite à Varennes, se heurte à des démonstrations d’hostilité sur la route du retour, de Bondy à Pantin.

Devant la menace d’une invasion prussienne, l’Assemblée proclame la « patrie en danger » le 11 juillet 1791 et fait appel aux volontaires. Nombre de jeunes gens de l’actuelle Seine-Saint-Denis s’illustreront au combat, et particulièrement les volontaires de Saint-Denis à Valmy et à Jemmapes.

En 1792, la basilique de Saint-Denis, symbole de la royauté, est démantelée. Sa couverture de plomb est enlevée ; l’année suivante, les mausolées sont déposés et les corps des rois exhumés. La basilique est transformée en Temple de la Raison.

A la fin de l’Empire, les combats reprennent : le 30 mars 1814, Paris doit capituler après une héroïque résistance devant les armées alliées. La lutte est particulièrement acharnée du côté de Romainville et Pantin. A trois reprises, le village de Pantin est occupé et perdu par les troupes du général Compans !

La lutte continue sur les hauteurs de Romainville et de Belleville. Après un dernier combat place Clichy, les Français doivent capituler. C’est à Saint-Ouen qu’après la décision des Prussiens, Autrichiens et Russes de rétablir les Bourbons sur le trône de France, Louis XVIII, avant de pénétrer dans Paris, signe la « Déclaration dite de Saint-Ouen » où il promet une Constitution libérale, le respect des libertés et l’accession de tous aux emplois civils et militaires.

À la charnière entre XIXe et XXe siècles, trois Seine-Saint-Denis se dessinent :

  • la zone traditionnelle qui court au nord et à l’est de l’actuel département où le peuplement est lâche, et où le fait rural demeure prépondérant. 
    Les industries modernes y sont rares alors que persistent les industries rurales traditionnelles (carrières, plâtreries…) et les activités artisanales
  • la zone des mutations, qui couvre une sorte de quadrilatère avec pour sommets Neuilly-Plaisance, les Pavillons-sous-Bois, le Pré-Saint-Gervais et Montreuil. 
    Le peuplement y est assez important et les activités agricoles se maintiennent ainsi que les industries rurales, alors que se développent des fabrications nouvelles
  • la zone des bouleversements, au nord et au nord-est de Paris. 
    Les villes de Saint-Ouen, Saint-Denis, Aubervilliers, Pantin abritent plus de la moitié de la population du futur département. Si cultivateurs et maraîchers sont encore nombreux, l’industrie devient l’activité prépondérante. Les grandes entreprises à forte nuisance, pour la plupart des industries lourdes, emploient en moyenne 60 % des habitants de ces communes.

L’augmentation rapide de la population pousse à chercher des terrains à bâtir hors des enceintes parisiennes. Les anciens villages deviennent des villes.

Le lotissement ouvrier se développe dans des conditions générales d’hygiène et de viabilité désastreuses alors que s’implante une deuxième « couronne » industrielle.

Après la guerre, la région se relève lentement. Un nouvel urbanisme, donnant aux « grands ensembles » une place prépondérante, dessine un autre visage au futur département ; le secteur tertiaire se développe. La région parisienne connaît un tel essor démographique que la nécessité d’un nouveau découpage administratif s’impose.

A partir des départements de la Seine et de la Seine-et-Oise, la loi du 10 juillet 1964 crée six départements nouveaux dont la Seine-Saint-Denis.



Source : http://www.seine-saint-denis.fr/