28 juillet 1914, c’est la déclaration de guerre et la mobilisation générale.

L’uniforme français en vigueur est totalement dépassé pour la guerre moderne. Les soldats sont affublés d’un képi, d’une capote bleu clair et d’un pantalon rouge garance qui fait d’eux des cibles idéales et leurs équipements sont inconfortables, archaïques et inadaptés.

  • le képi date de 1884
  • le havresac de 1893
  • la capote 1877
  • le pantalon rouge garance de 1887
  • le fusil Lebel modèle 1886, modifié 1893

C’est ainsi équipées que nos troupes sont acheminées en grande partie vers le Nord Est de la France, afin d’arrêter l’envahisseur, envahisseur
qui est le même qu’en 1870. Les troupes sont déplacées en fonction des combats et cela pendant 3 mois ;  c’est ce qsue l’on nomme  une guerre de mouvement. Après la bataille de la Marne, en septembre 1914, le front se stabilise. Le rapport des forces s’équilibre. Les armées s’enterrent dans des tranchées dans une guerre dite de position.

Les blessures ne sont plus provoquées par des tirs directs, sauf pendant les assauts, mais par la retombée des éclats d’obus, ou de shrapnells envoyés par l’artillerie adverse. Les 3/4 des blessures sont à la tête dont 88 % sont  mortelles (sur 40 000 hommes touchés par des projectiles, 30 000 sont touchés à la tête, 26 400 mourront ).

Lors de l’hiver 1914, 700 000 calottes métalliques de 0,5m/m, appelée Cervelière, sont distribuées à l’infanterie. Cette calotte est placée sur la tête et le maintien est fait par le képi. Cependant son port est inconfortable et sa protection insuffisante.

source http://www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme-casque.htm

Le 21 février 1915, le ministre de la guerre suivant les recommandations du général Joffre, décide l’adoption d’un casque d’acier.
Le casque proposé par les entreprises Franck et Siraudin est rejeté, car fabriqué dans un acier trempé, il peut se fracasser à l’impact et se révéler dangereux.

Le colonel d’intendance Louis Auguste Adrian (1859-1933) propose alors un casque qui lie facilité de production et efficacité. En avril 1915 sur les indications de Louis Adrian, des exemplaires sont conçus par le contre-maître Louis Kuhn des usines Japy Frères.  Le modèle étant accepté, il sera commandé à 1 600 000 exemplaires le 5 juin 1915,

Les premiers casques sortiront des usines Japy Frères. Cependant dépassé par l’ampleur de la tâche, Japy Frères fera appel à d’autres entreprises comme : La Compagnie Coloniale, Reflex, Le Jouet de Paris, La société des Phares Auteroche, la Compagnie des compteurs, Dupeyron, Delmas, les Arsenaux de Brest et Cherbourg. Plus de 7 000 000 de casques sont fabriqués la première année.

Les casques sont fabriqués dans de l’acier, la France ne disposant pas d’un acier permettant l’emboutissage de la bombe en une seule pièce, elle est  réalisée en 3 pièces assemblées L’acier a une épaisseur de 5/10è de millimètres.

Le casque comprend : une visière, un garde nuque(ou couvre-nuque), un cimier et pour finir un attribut sera fixé sur le devant par une agrafe crampon.

source https://sourcesdelagrandeguerre.fr

La grenade attribut de l’infanterie

Par la suite, ce casque est fabriqué en tôle d’ acier laminé, traité au four Martin et d’une épaisseur de 7/10ème de millimètre. Les bombes sont fabriquées en 3 tailles, désignées A,B,C, soit un développement intérieur de : 60, 63 et 66. Une fois l’assemblage terminé, c’est à dire bombe, visière et garde nuque assemblés par brasage, l’ensemble part à la peinture. Le casque reçoit une couche de vernis, la teinte utilisée est un bleu ciel tirant sur le gris clair, cette teinte est assortie au bleu horizon des nouvelles tenues. La bombe est ensuite suspendue dans un four étuve ou elle est soumise à une température de 120° durant 1h30, au terme de laquelle la peinture aura séché et pris une teinte gris bleu clair.

Posée à l’intérieur de la bombe, la coiffe est composée d’un bandeau et d’un turban. Le bandeau est coupé dans un morceau de cuir de mouton glacé, Un des cotés sera découpé à l’emporte pièce pour obtenir 7 dents triangulaires à bout arrondi. Chaque dent comporte un oeillet à son extrémité, destiné au passage du cordon de serrage (réglage en profondeur).

Le turban, (serre tête) fabriqué par mesure d’économie à partir de drap prélevé dans des chutes de tissu. Il est percé de 8 trous pour recevoir les agrafes tampons de la bombe. l’ensemble est fermé par 2 coutures en zigzag. Le cuir est rabattu ensuite à l’intérieur de façon à former un rempli par dessus le turban. La coiffe existe en 9 tailles du 54 au 62 et s’adapter à la taille de la bombe.

La plaque ondulée : le jeu entre le bord du casque et la coiffe est rattrapé par une garniture à base de plaquettes ondulées en aluminium d’une épaisseur de 0,3 m/m et de 35 m/m de large.Ces plaques ont un triple objectif :

  • de caler la coiffe
  • de contribuer à l’aération
  • d’adapter la coiffe à la tête (c’est à dire à la forme ovale de la tête).

L’ondulation de la plaque est variable, cette amplitude d’ondulation allant de 1,5 m/m à 5m/m permettra d’avoir par catégories 3 sous tailles,
soit au total 9 tailles de casques – A1, A2, A3 etc..

La jugulaire : elle est constituée d’une sangle de cuir de chèvre de 57 cm de long pour 15m/m de large. Sa faible épaisseur la rend fragile ( 0,5 à 1m/m) elle est fixée par rivets. A une de ses extrémités est fixée une boucle carrée, l’autre coté coulisse librement dans un des dès du casque puis dans la boucle de réglage et est fixée par un rivet sur l’autre coté du casque.

La distribution du casque commence seulement lors des grandes offensives de septembre 1915. On se rendra compte très vite que la peinture est trop clair pour permettre une dissimulation efficace du porteur. Le casque trop brillant est repeint sur le terrain, le plus souvent au pinceau. De nombreuses peintures sont utilisées comme le gris d’artillerie destiné aux canons. Mais la plupart des soldats badigeonneront leur casque de boue, procédé efficace et adapté au terrain. Cependant le service de santé constatera que les projections de boue séchée lors d’une blessure à la tête facilitera l’infection de la plaie. Ce procédé est donc interdit, l’intendance distribue des couvre-casques en tissu, mais ce dernier crasseux au bout de quelques temps est aussi nocif que la boue, il est donc interdit à son tour en 1916.

couvre casque

Après diverses études, on découvre qu’il suffit de porter le temps de cuisson de la peinture de 1h30 à 2h00 pour que celle-ci devienne mate et plus foncée. Tous les casques sur le terrain sont retournés en usine pour subir cette modification.

Maintenant que tout est OK , 20 000 000 de casques Adrien sont produits.

En octobre 1915, Louis Auguste Adrien est promu au grade de commandeur de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son travail.

La France fournira des casques à ses alliés, et en exportera également vers  l’Italie, la Belgique, la Serbie, la Roumanie, La Russie, la Hollande, la Grèce, la Pologne, la Tchécoslovaquie.

1917 – l’arrivée des chars sur le front par l’artillerie spéciale implique de nouveaux équipements.
Le casque Adrian n’est pas du tout adapté car la visière empêche de se rapprocher des fentes de visée et autres systèmes de mesure. Le général Estienne commandant de l’artillerie spéciale réclame un modèle de casque pour ses troupes. Mais devant la lenteur de l’intendance, il préconise à ses soldats de modifier eux mêmes leur casque. La visière doit est coupée à 2 cm environ du bourrelet de sertissage et, ensuite retourné sur lui même vers l’intérieur. Un bourrelet de tissu sera apposé dessus cette partie pour éviter toute blessure. Si la protection du crâne est bien assurée par le casque, il n’en va de même pour le visage et le nombre de gueules cassées est conséquent.

De nombreuses protections seront proposées mais ne seront pas retenues, Il s’agit de visières métalliques s’emboîtant sur le casque et maintenues par une sangle ( plaque de métal avec des fentes pour la vision) quelques milliers d’exemplaires seront testés, mais ces dispositifs s’avèrent encombrant et inaptes au combat.

Un masque pour équipage de char sera fabriqué par les anglais, la France s’est procuré quelques exemplaires, il sera porté à la fin de la guerre par les équipages de combat pour se protéger des éclats à l’intérieur du véhicule. Il s’agit un masque métallique recouvert de cuir et doublé de drap. Il est maintenu par 2 sangles.

Fin de la guerre :
Décembre 1918, le gouvernement attribue en signe de reconnaissance à tous les officiers et soldats ayant appartenu à une formation dans la zone des armées, une plaque à fixer sur la visière et dessus sera gravé le nom et prénom, le grade, « soldat de la grande guerre 1914-1918 »
cette plaque sera expédiée par la poste ou par les centres démobilisateurs.

1922 modification modèle 22 :
L’acier sera remplacé par de l’acier au manganèse, il sera embouti en 1 seule pièce. La taille A sera supprimée car trop près du crâne, la taille D sera crée.

1926, modification modèle 26 : la coiffe repose sur 4 lames ressorts grâce à des agrafes métalliques cousues en remplacement des lames ressorts
1937 tous les nouveaux casques seront peints en kaki (assorti au nouvel uniforme).

L’ancien casque et le nouveau partiront en guerre en 1939, ils seront réutilisés par des organismes militaires ou civiles, tels que la Croix Rouge, La Défense Passive, Les équipes Nationales, les sapeurs Pompiers de petites communes rurales.

Peint :
– En noir : par les équipes Nationales
– En noir avec un attribut, une roue dentée avec un poignard sera porté par les Gardes voies de communications
– En noir avec le symbole Gamma peint en blanc à la place de l’attribut sera porté par la milice ou la Police du régime de Vichy.

Il sera également utilisé par l’armée de libération.

Nous le retrouverons en activité à Paris comme en province, battre le pavé, à Paris en mai 68.
Par la suite, après 50 ans de bon et loyaux services, et ayant tous ses trimestres validés, les casques Adrien prendront une retraite bien mérité.

Les plus beaux iront dans des musées, les autres sur des étagères de brocanteurs ou chez des collectionneurs. Les restants finiront chez un ferrailleur.

Ainsi se termine le fabuleux destin du casque Adrian.

Jean Marqueteau

Notre association possède 3 casques.

 

modèle 1922

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

modèle 1926, de couleur noir.

Casque de pompiers de la ville de Noisy-le-Sec, années 1930.