Dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, plus de 3000 bombes ont été larguées en 30 minutes sur la gare de triage. Avec ce bombardement, les Alliés tentaient de désorganiser et de ralentir la logistique allemande, en prévision d’une opération militaire d’envergure : le débarquement en Normandie de juin 1944. Le manque de précision des largages, effectués à haute altitude pour éviter les tirs de la DCA, fit d’énormes dégâts : 464 morts et 2000 maisons environ furent détruites.
C’est l’occupant allemand qui réalisa les premières opérations de déblayage et de déminage. Pour ce faire, ils utilisèrent des déportés (juifs ou résistants).
Edmond METZGER, qui habitait à Strasbourg avant guerre, fut arrêté à Cannes ou Nice le 14 février 1944. Il est interné à Drancy. Il meurt à Noisy-le-sec en avril 1944 en sautant sur un engin explosif lors de travaux forcés après le bombardement du 18 avril 1944– source : judaisme.sdv. fr – déportés de Strasbourg.
Témoignage de Jean Virlogeux, déporté, résistant d’Auvergne (extrait de son livre, « 15 mois aux mains de la Gestapo et des SS ») :
« Le lendemain (27 avril) après l’appel, à cinq heures du matin, nous fûmes répartis par équipes de six, gardées chacune par six soldats de la Wehrmacht et des bus nous transportèrent à la gare de Noisy-le-Sec bombardée quelques jours avant. On nous expliqua que nous devions rechercher les bombes non-explosées en terre pour les désamorcer et les évacuer. Il y avait déjà des équipes de juifs venus de Drancy qui travaillaient là depuis le bombardement, plusieurs avaient sautés sur des bombes recherchées.
Autant dire que le travail était dangereux et c’est bien pour cela que nous en étions chargés, peu importait aux allemands que nous sautions puisque nous étions des condamnés. J’ai eu la chance de ne pas sauter. »
31 juillet 1969. Au cours de travaux pour l’agrandissement du magasin Prisunic, une bombe de 500 kg est découverte rue Carnot. Engin de type anglais, modèle 44.
Témoignage d’Isabelle Winkopp qui vivait à l’époque dans le logement de fonction de l’école Carnot :
« 31 juillet 1969. Je rentrais de colonie après 1 mois comme aide soignante. Je m’apprêtais à me laver car nous repartions le soir même en train pour des vacances à Guéthary. Soudainement, la gardienne affolée à sonner à la porte « vite il faut partir, ils ont trouvé une bombe ». Le temps d’enfiler quelque chose pour être convenable, je me suis retrouvée sur le trottoir avec les parents. La police avait installé le balisage et fermé l’accès à la rue Carnot. Maman et moi nous nous sommes réfugiées chez le coiffeur rue Henri Barbusse. Papa est resté près de la police espérant des informations. Nous pensions que le déminage serait rapide mais ce ne fut pas le cas. La bombe
avait été déterrée par un engin lors du chantier d’extension de Prisunic. D’après les « on-dit » le conducteur de l’engin avait vite détalé en voyant ce qu’il avait dans sa pelle. Ce qui semble assez logique.
Nous avons eu l’autorisation de revenir dans le logement juste le temps de prendre nos valises pour aller prendre le train gare d’Austerlitz. Nous n’étions pas tranquilles, nous imaginions que peut être tout allait sauter et que tout allait disparaitre. Il n’en fut rien … L’école Carnot est toujours là !
250 personnes furent évacuées et la circulation interdite dans le quartier. L’engin fut désamorcé dans la soirée.
Septembre 2015, Noisy-le-Sec vient de connaitre une nouvelle opération de déminage. Gageons qu’il y en aura d’autres.