L’avion de Costes capote à Noisy-le-Sec
Une panne malencontreuse d’essence.
Dès12 h 50, hier, le Dragon d’Annam, la berline Bréguet-Hispano-Suiza de l’équipage Costes, Codos et Bellonte, est arrivé au Bourget.
Une équipe de mécaniciens, sous la direction de l’ingénieur Ramondoux, a terminé aussitôt la mise eau point de l’appareil. Moteur et cellule sont soumis à un dernier examen, tandis que Bellonte visite de nouveau son appareil de T.S.F. Puis, on commence à faire le plein des réservoirs d’essence, qui est de 1 500 litres. Les aviateurs, en effet, ne peuvent pas prendre plus de combustible, car ils emportent du matériel de rechange, des vivres de réserve, une carabine, des révolvers et deux « coupe-coupe ».
Il est 17 h 52 quand les trois aviateurs quittent le Bourget.
A 18 heures par suite d’une panne d’essence, l’avion est obligé d’atterrir, dans la brume, à Noisy-le-Sec. L’avion est brisé mais les aviateurs sont indemnes.
Un récit de Costes
Costes a fait avec bonne humeur le récit de son accident : « Nous nous trouvions environ à 500 mètres d’altitude lorsque soudain le moteur faiblit, puis s’arrêta net. C’était une panne sèche ! Fort probablement, une tuyauterie s’était rompue et l’essence n’arrivait plus dans notre « moulin ». Il n’y avait pas deux décisions à prendre : il fallait atterrir. Pas commode dans la nuit, et au-dessus des agglomérations ! j’ai recherché un emplacement dépourvu de maisons. Croyant l’avoir trouvé, j’ai posé mon avion dans le noir, juste au bord du talus de la voie de chemin de fer. Il y a eu de la casse. Mais, par une veine vraiment étonnante, nous sommes sortis des débris de notre Dragon d’Annam sans une égratignure. Vrai ! Il y a un bon Dieu pour nous . »
C’est à 500 mètres environ de la gare de Bondy que l’accident s’est produit à la limite des communes de Bondy et de Noisy, tout près d’un pont surplombant la voie ferrée.
Il était 18 heures 15, Costes et ses compagnons volaient depuis 17 h 54 dans des conditions parfaites, lorsque l’essence cessa d’arriver dans le moteur. Aussitôt le pilote décida d’atterrir, et il réussit à s’approcher du sol assez lentement pour vidanger à l’avance le 1 900 litres d’essence emmagasinés dans deux réservoirs, qui devaient alimenter la première partie du raid, l’étape Paris-Tripoli.
La berline toucha terre du côté de la voie montante. Elle heurta un poteau, fit un quart de tour, rebondit et laissant au passage des débris de son train d’atterrissage, franchit les quelques mètres qui la séparaient du talus intérieur. C’est au sommet de ce talus qu’elle se percha, mais après avoir accroché de son plan gauche un autre poteau autour duquel elle pivota.
Les courageux aviateurs avaient eu la chance merveilleuse de n’être nullement blessés. Seul Codos, éprouvait une légère douleur aux reins et devait s’apercevoir, en outre, un peu plus tard qu’il s’était foulé la cheville droite.
Tandis que des témoins de la chute commençaient à courir vers l’avion, Costes et ses compagnons se hâtèrent d’enlever de la carlingue les neuf sacs de courrier destinés à l’Indochine. M. Saint-Royre, commissaire de police de Noisy-le-Sec, qui avait été rapidement prévenu, ne tarda pas à arriver sur les lieux. Il organisa un service d’ordre.
Dieudonné Costes, né le 4 novembre 1892 à Septfonds (Tarn et Garonne), mort à Paris le 18 mai 1973.
« Le 1er septembre 1930, chargé de 5 200 litres de carburant qui lui confèrent une autonomie de 9 000 km, le Breguet 19 Super Bidon Point d’interrogation, piloté par Costes et Bellonte, décolle du Bourget pour rallier New York, via l’Atlantique Nord. Il y parviendra effectivement le 2 septembre au terme d’un voyage de 37 heures et 18 minutes. C’est la première fois que l’Atlantique Nord sera « vaincu » sans escale, dans le sens est-ouest, face aux vents dominants… ».
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