Il est né le 19 septembre 1884 au domicile de ses parents, Boulevard de la Villette Paris 10ème.

Son père est employé de commerce, sa mère piqueuse de bottines.

Il est l’ainé de trois enfants, Julien né en 1888 et Henri Jules né en 1892.

Il obtient son certificat d’étude à 13 ans.

Le certificat d’études primaires a été institué le 28 mars 1882 et aboli en 1989. Les enfants à partir de l’âge de 11 ans pouvaient s’y présenter. Ceux qui l’obtenaient étaient dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. Il est resté dans les mémoires comme le « certif ». Toute note à zéro est éliminatoire.

En 1882 il y a 20 % de reçus.

En 1914, 30 % ensuite 50 %.

 

Agé de 19 ans au décès de son père, le 22 janvier 1903, il devance l’appel et s’engage dans l’armée pour trois ans.

 

Sa fiche matricule nous apprend qu’il mesure 1m68, est sellier et qu’il habite à Noisy- Le-Sec, (je n’ai retrouvé aucune trace de lui à NLS à cette époque) ainsi que son niveau d’instruction qui est : 3.

Sur les fiches matricules le niveau d’instruction est déterminé comme suit :

0 : ne sait ni lire ni écrire

1 : sait lire

2 : sait lire et écrire

3 : instruction primaire

4 : brevet d’instruction primaire qui correspond au brevet actuel

5 : bachelier et licencié

X : dont on n’a pu vérifier l’instruction

Il obtient le « certificat de bonne conduite ». Ce certificat prouve qu’il est libéré de ses obligations militaires.

 

 

Revenu à la vie civile, il revient à Noisy Le Sec au 5 rue de l’église.

Le 18 juillet 1907, il épouse Georgette Viannet et s’installe après plusieurs déménagements au 107 Blvd de la Villette Paris 10ème.

Une fille Georgette Hortense nait de cette union le 15 mars 1908.

Cette union prendra fin le 29 décembre 1912 par le décès de Madame Hallot Georgette née Viannet.

Resté seul avec sa fille, il se remarie le 18 juin 1914 avec mademoiselle Louise Marthe Eugénie Quatremaire, la sœur de Henri Quatremaire. Il a trente ans.

 

Dix jours plus tard, la mort d’un archiduc à 1 348 de kilomètre de Paris, va déclencher par effet papillon un cataclysme mondial qui bouleversera sa vie.

Il est rappelé à l’activité le 12 aout 1914 par décret du 1er août pour répondre à l’ordre de mobilisation générale.

 

Un état de son service témoigne de ses différentes affectations pendant cette période :

14/08 : Départ pour Soissons

22/08 : Transfert à Chartres

12/09 : Départ au front à Longueville, Vaux devant Damloup, Verdun

17/09 : Blessé évacué à Issancourt

17/09 au 28/01/2015 : Hôpital à Bar le Duc puis évacué à Albi

29/01 au 04/02 : Permission

12/02 au 18/10 : Chartres SHR IFO

06/11 : Départ au front

16/11 au 08/12 : Tranchées de Champagne Tahure

08/12 au 26/12 : Elève Caporal à Chalon

29/01 1916 au 24/02 : Permission

24/02 au 27/02 : Tranchées à Mesnil les Hurlus

29/02 au 06/04 : Epense, Pritz, Outrecourt, Jubécourt, Bois Bouchés, Verdun

24/03 : Nommé Caporal

06/04 au 12/04 : Repos à Jubecourt

14/04 au 22/04 : Tranchées à Mort-Homme

22/04 : Blessé par éclat d’obus à la tête

22/04 au 20/03/1917 : Opéré puis divers hôpitaux

23/03/1917 : Libéré

 

Sa blessure à la tête par éclat d’obus au Mort-Homme dans la Meuse décrite comme suit lui donne droit à une invalidité de 10 % ainsi que le droit de porter comme décoration le ruban avec étoile émaillée rouge.

 

« Perte de substance osseuse frontale médiane, cicatrice à fond solide admettant la pulpe de l’index. Céphalées, vertiges, frigidité, dysmnésie c’est-à-dire une perte de mémoire, pas de crises nerveuses »

Cette invalidité lui donne droit à une pension annuelle de 243,00 francs en 1919, soit 362,00 euros actuels

Après différentes réclamations son taux d’invalidité est réévalué à 25 % ce qui lui accorde une pension de 908,00 francs en 1926 soit 677,00 euros et la possibilité de postuler à un emploi protégé.

 

Explications du montant de la pension d’invalidité :

Avant la guerre de 14, un ouvrier gagnait environ six francs par jour, soit sur 300 jours de travail 1 800 francs par an.

Pendant la guerre l’allocation militaire pour la femme du mobilisé était de 1 franc 25 par jour plus 50 centimes par enfant à charge.

C’est sur le salaire d’avant 1914 qu’a été calculée la pension veuve de guerre et les pensions d’invalidité. Elle est fixée à 1 000 francs par an.

En 1930, le salaire de l’ouvrier était de 26 francs par jour, soit 7 800 francs par an.

Les pensions n’ayant que très peu été réévaluées, la base est de 1 300 francs ces années-là.

Par exemple Ernest HALLOT en 1928 gagne 11 553 francs au Crédit Municipal de Paris où il occupe un emploi protégé en tant que commis aux magasins 4ème classe.

Pendant cette période deux autres filles sont nées Lucienne Alix le 15 mai 1915 et Andrée Louise le 10 aout 1917 qui sont reconnues pupilles de la nation le 2 avril 1930 par rapport à la blessure de guerre de leur père. Ce jugement sera transcrit sur leurs actes de naissance :«adoptée par la nation ».

Revenons à sa vie civile :

Le 1er janvier 1920 la famille s’installe 21 rue du Château d’Eau à Paris 10ème. Il signe un bail et reçoit des quittances de loyer.

En 1920 il souscrit une assurance retraite privée garantie par l’état qui mentionne une rente à partir de 60 ans.

Il est titulaire d’un compte en banque ouvert auprès du Crédit Lyonnais et d’un compte d’actions.

En 1920 il achète une maison au 17 allée Kléber à Noisy le Sec et s’y installe.

Il souscrit une assurance incendie à la compagnie La Confiance. Cette maison est assurée avec ses aménagements pour 25 000 francs, soit 38 000 euros actuels. Le contrat nous apprend aussi que sa femme continue son emploi de couturière à domicile. Les contrats d’assurance de cette époque prévoient automatiquement dans l’assurance du mobilier les effets personnels des domestiques.

 

 

Son compte action ouvert au Comptoir National d’Escompte est transféré à l’agence de Noisy le sec.

Il s’inscrit sur les listes électorales.

Le 21 décembre 1922 nait un quatrième enfant Jean-Louis Robert.

Le 3 octobre 1925 il fait installer un compteur électrique d’une puissance de 550 watts. Cette puissance peut être comparée à la puissance des lampes à incandescence de 30 à 90 watts.

En 1928 sa fille Andrée Louise passe le concours de bourse à la fin de son CM2, elle échoue, le repasse l’année suivante où elle l’obtient. Il est à noter que le premier versement des bourses est versé en février de l’année suivante. Sur le recensement de 1936, elle est sténo dactylo.

 

 

Le concours des bourses a été instauré en 1887 pour permettre aux enfants pauvres d’accéder aux lycées et aux écoles techniques. Ce concours est modifié par la loi du 10 janvier 1925.

Cette loi fusionne le concours de l’enseignement technique avec celui de l’enseignement général. A l’inscription les élèves précisent leurs voeux.

Selon la situation financière de la famille, la bourse donne droit à la gratuité des frais d’inscription au lycée, la cantine et l’internat ainsi que le prêt des livres. Une allocation supplémentaire peut aussi être versée.

Une nouvelle loi est promulguée le 31 mai 1933 concernant la déclaration des postes de radio. Pour se mettre en conformité avec cette loi, Ernest Hallot fait cette déclaration le 26 juin de cette année.

Cette loi fait suite à celle de 1923 suite à la création de la radio des PTT, Postes, Télégraphes et Téléphones, puis de Radio Paris. Cette station de radio développe un véritable journal parlé, multiplie les conférences et les « causeries » et retransmet en direct des soirées musicales depuis des grandes salles de spectacles parisiennes .
La radio, considérée comme particulièrement à même de marquer les esprits, d’influencer les comportements, est, dès ses débuts, placée sous contrôle. Le 30 juin 1923, cette loi établit le monopole de l’État français sur l’émission et la réception radiophonique. Les stations doivent désormais demander une autorisation de diffusion et la possession de postes par les Français est soumise à une déclaration officielle.
Cette loi de 1923 admet tout de même une certaine liberté, notamment en ce qui concerne la création de stations privées qui se multiplient à partir de 1924. En 1931, Radio Luxembourg maintenant RTL voit le jour et s’impose rapidement comme la principale radio privée.

Cette même année le docteur Bouffier, établi à Noisy le Sec, lui délivre un certificat de vaccination.

La maison, qui avait été épargnée par le bombardement du 18 avril 1944, sera endommagée par l’attaque des ponts le 25 aout 1944.

Tous les carreaux sont cassés, les fenêtres ainsi que les persiennes sont endommagées, les tuiles de la toiture sont cassées sur plusieurs mètres carrés, le mur d’enceinte est à refaire.

Dès le 11 septembre, Ernest Hallot fait une demande de matériaux de première urgence auprès du commissariat à la reconstruction pour des carreaux de fenêtres qu’il obtient auprès du négociant Boulet à Bondy.

Il va bénéficier de la loi sur les dommages de guerre :

Pendant longtemps, l’État avait été tenu irresponsable des faits de guerre. On estimait que ceux-ci résultaient d’un état de nécessité ou correspondaient à des cas de force majeure exonérant de toute responsabilité.

Deux lois, celles du 31 mars 1919 et du 17 avril 1919, indemnisent respectivement les dommages matériels et les dommages physiques subis par les Français, civils ou militaires.

C’est seulement en 1953, qu’il obtient du département de la Seine représenté par la ville de Noisy Le Sec un devis estimatif des travaux de toutes natures nécessaires à la reconstruction en identique. Ce devis se chiffre à 192 500 francs. Le 11 décembre 1953 il reçoit un procès- verbal d’acceptation. Celui-ci stipule que dès son financement le bénéficiaire s’engage à commencer les travaux immédiatement et à les terminer dans un délai de trois mois.

Cette somme sera versée par titres nominatifs payables par tiers, à 3 ans, 6 ans et 10 ans.

Un brouillon de lettre de réclamation écrite par Madame Marthe Hallot nous apprend qu’ils sont dans une situation financière précaire, que les travaux sont urgents et nécessaires et que vu leur âge, 65 et 70 ans, la mise en jouissance de la somme n’est pas possible.

Cette requête est acceptée, le 19 septembre 1954 ils reçoivent la décision d’engagement ne mentionnant pas de fraction d’indemnité différée selon la loi du 28 octobre 1946.

Ernest Hallot décède à Bellême dans l’Orne le 8 février 1975 à l’âge de 91 ans.

Marthe Hallot décède à Noisy Le Sec le 13 mars 1985 à l’âge de 97 ans.

Georgette Alice née de sa première union le 15 mars 1908. Elle vivra à Igé dans l’Orne chez son oncle Henri Quatremaire. Elle se mariera en 1927 à Igé, et décèdera le 25 janvier 1930 à Igé.

Lucienne Alix née le 15 mai 1915 se mariera à Noisy le Sec le 18 septembre 1935.

Andrée Louise né le 10 aout 1917 ne se mariera pas et décèdera à Saint Ouen le 28 juillet 2010.

Jean Louis Robert né le 21 décembre 1922 ne se mariera pas.

Annick  Lefebvre