Dès l’origine des chemins de fer en France, l’armée a veillé sur leur utilité stratégique.
La loi de 1842 visait à relier Paris à toutes les frontières du pays d’où la création des grandes lignes radiales pour le réseau Est :
-ligne Paris Strasbourg (tronquée à Avricourt depuis la guerre de 1870) dite ligne PA (avec la ligne Paris Charleville détachée à Trilport après Meaux).
-ligne Paris Belfort Mulhouse (tronquée à Montreux Vieux, gare frontière avec l’Empire allemand).
La séparation des deux lignes a lieu à Noisy-le-Sec au kilomètre 9.
(Rappel des mises en service : 5 juillet 1849 de Paris à Meaux, 7 juillet 1856 de Noisy à Nogent et l’année suivante de Nogent à Flamboin le 25 avril 1857).
Pour compléter l’ensemble beaucoup de lignes transversales direction sud-ouest nord-est pour amener les troupes de l’intérieur (exemples Orléans Chalons, Lérouville Sedan, Saint-Dizier Gray).
En prélude à l’exposition universelle de 1889, la Compagnie des Chemins de Fer de l’Est prévoit de grands aménagements pour Noisy-le-Sec :
-création d’un dépôt et d’ateliers du matériel pour dégager les installations existantes à Paris
-création d’un triage en lien avec la Grande Ceinture, ouverte depuis 1882, et d’une gare d’échanges
-création de gares Grande Vitesse et Petite Vitesse
Ces projets ont été réalisés par étapes avant 1914.
Le dépôt prévoyait 3 rotondes. Il sera ouvert le 1er juin 1892 (les structures métalliques ne sont pas dues à Eiffel mais à l’ingénieur Müntz de la Compagnie de l’Est).
La gare voyageurs avec 3 corps de bâtiment date de 1909, analogue à celle de Pantin.
La gare primitive convertie pour les marchandises a été démolie au printemps 1962.
Vue ci-dessus donne une idée de l’ensemble, la passerelle va jusqu’aux voies de la Grande Ceinture (à droite).
Il est question de prolonger celle existant aujourd’hui lorsque le tramway de la Tangentielle Nord sera prolongé jusqu’à Noisy
Devant l’importance du trafic, de grands travaux ont été entrepris pour séparer les courants de trafic en liaison avec les sauts de mouton de Pantin. A partir de 1911, Noisy connait la situation actuelle :
-voies impaires au nord (Paris province)
-voies paires au sud
Le rôle de noeud ferroviaire apparaît nettement sur le carnet des marches types de 1935.
Les voies paires à partir de Bondy passent sous celles de Belfort mais aussi sous celles de la Grande Ceinture (voies 1 et 2 GC)
Les voies impaires ont été reliées à celles de la Ceinture pendant la guerre 14-18 pour faciliter les transports militaires (pour éviter des rebroussements). Devant leur utilité, ces raccordements ont été maintenus. D’ailleurs le trafic sur la Ceinture a nécessité la création de la ligne complémentaire en 1928 dite : « évite Noisy » car si elle ne dessert pas le noeud du triage, elle traverse néanmoins notre commune en surplomb (ponts rue d’Alsace Lorraine, rue Baudin, rue Galliéni) et se raccorde à la ligne de Belfort à la limite de Rosny, et à celle de Strasbourg après les garages de Villemomble au « triangle de Gagny ». Un service voyageurs a existé sur la Ceinture jusqu’en 1939.
La vue ci-dessus montre bien la séparation des voies paires et impaires à l’ouest de la gare juste avant le second conflit mondial.
Noisy était aussi un centre autorails, vocation qu’il conservera jusqu’en 1969
Les vues ci-dessous donnent une idée de la reconstruction. La nouvelle rotonde de type P comportera 46 voies couvertes. Elle sera démolie en 1976. Le nouveau pont au-dessus des voies ferrées permettra le fameux « alignement » (dont les dernières réalisations ne se feront qu’en 2003 lors de la réalisation du tramway)
La gare actuelle qui conserve la partie occidentale de l’ancienne n’a été mise en service qu’en 1955
Enfin curiosité, la construction pour l’entretien des autorails d’un grand bâtiment la « cathédrale » dans la deuxième moitié des années 1950. Il sert aujourd’hui d’atelier pour le chantier transconteneurs (photo ci-dessous)
Christian FONNET