Nous avons rencontré le 1er décembre 2016, Mireille Fersing, fille de M et Mme Fersing, négociants en combustibles, au 49 rue Jean Jaurès à Noisy-le -Sec ; elle a une sœur jumelle et une sœur plus jeune.
Ce sont ses arrières grands parents qui sont arrivés à Noisy-le-Sec en 1941 pour fuir la guerre. Son arrière grand-père Auguste Gourmand, né en 1880, était originaire de l’Aube et ex mareyeur à Boulogne-sur-Mer puis il se lance dans le négoce du bois et du charbon.
Ils s’installent au 49 rue Jean Jaurès. Ils sont locataires de M et Mme Portal qui eux sont propriétaires des lieux depuis 1927.
La famille Fersing en deviendra propriétaire seulement en 1986.
La mère Madeleine est née à Levallois Perret en 1927. Elle est placée en nourrice dans l’Aube. En 1941, la famille la fait venir à Noisy-le-Sec pour travailler, elle a 14 ans et pendant toute sa jeunesse elle portera sur son dos des sacs de charbon de 50 kg. Elle en souffrira toute sa vie.
Madeleine épouse à Noisy le 25 mars 1950, Pierre Fersing, né à Saint Maur des Fossés et originaire de la Sarre française. Il est issu d’une famille de 5 enfants.
Ils auront 3 filles, deux jumelles Mireille et Dominique nées en 1951 et Nicole née en 1952.
1951, les soeurs jumelles, avenue Galiiéni dans les bras de leur grand-mère
Le père de Pierre était cadre au chemin de fer. Il possédait un pavillon avenue Galliéni qu’il avait pu faire construire grâce aux aides de la SNCF. Le pavillon avait un jardin, le tout a disparu lors des travaux du tram.
1954, les trois soeurs sur le pont de la gare.
Pierre était employé chez les grands parents de Madeleine. Il coupait du bois.
La surface de stockage rue Jean Jaurès étant trop petite (la parcelle mesure 360m2), ils avaient un terrain près du cimetière – entre le cimetière et la voie ferrée – qui permettait de stocker du charbon et du bois. La SNCF récupère son terrain début 1960.
1946/47, le chantier rue Saint-Denis
L’entreprise a alors un dépôt boulevard Michelet sur un terrain dont elle est locataire. Ce terrain sera préempté par la mairie et restera très longtemps vide pour cause d’indécision avec dans un premier temps un projet de construction d’un gymnase/terrain de sport pour le collège Prévert, ensuite un projet d’une dizaine de pavillons pour former un petit lotissement, et le tout s’est fini par l’ensemble immobilier de l’Allée des Artistes (dont le terrain dépôt de charbon ne représente qu’une petite partie).
Après son mariage, Madeleine travaille dans les bureaux et s’occupe des commandes avec les fournisseurs et les clients.
L’entreprise est au nom de Gourmand jusque 1957 et prend le nom de Fersing à partir de 1958.
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Il y avait un tas de charbon le long du mur mitoyen avec la Caisse d’Epargne. Le passage était très étroit pour les camions entre le tas de charbon et la maison.
A l’époque la rue Jean Jaurès était à double sens et il fallait couper la circulation pour permettre aux camions de charbon ou aux citernes de fioul de manœuvrer et d’entrer dans le terrain en marche arrière pour décharger, ce qui serait de nos jours complètement inconcevable vue l’infrastructure actuelle de la rue Jean Jaurès avec le terre plein central – configuration voulue par le maire de l’époque, M. Mons.
Le négoce comprenait du charbon, du bois et du charbon de bois dans les premières années et ensuite après 1973 diversification avec du fuel domestique, des bouteilles de gaz.
Il y a au fond de la parcelle une grange très ancienne (on pense fin 18e) avec une partie écurie car ils utilisaient une voiture à cheval avant les camions. Il reste également de nombreux objets (bidons, pelles, voir photos). La toiture a été refaite suite à la tempête de 1999.
Jusque dans les années 50 le charbon provenait du nord de la France (région de Lens) mais ensuite les mines ayant fermé, le charbon provenait de Russie ex URSS et des Pays de l’Est et d’Allemagne (Ruhr).
Pierre prend sa retraite en 1983 et décède en 1991.
Décès de Madeleine en 2015. Problème de succession. Mireille est propriétaire des lieux depuis 2016 suite à un accord avec ses sœurs.
Il y avait d’autres négoces de charbon dans la rue Jean Jaurès entre autres au numéro 33 – BOUYGUES (actuellement cour du cordonnier avec puits).
On remarquera l’espace vitrine existant encore dans le mur à droite. Il y a le même genre d’espace dans le mur d’entrée à droite chez Fersing. Il y avait dans ces vitrines – entre autres – des morceaux de charbon des différents types vendus (boulet, coke, anthracite).
vitrine 33 rue Jean Jaurès
Un autre négociant en charbons, au 12 rue Denfert Rochereau dans les années 1930
et au 95 rue Jean Jaurès…
Merci à Mireille Fersing d’avoir la conviction de conserver la maison familiale permettant de voir encore une grange datant des anciennes fermes noiséennes et d’éviter encore un massacre de promoteurs.
Chantal Boivin
