Hector Espaullard voit en ce lieu le vestige d’un étang ou d’un pré de la villa gallo-romaine primitive (berceau de nos seigneuries locales). La « Villa Nucetum » qui a donné son nom à notre ville. Le petit étang ou l’abreuvoir était alimenté par le ruisseau du Goulet qui descendait des hauteurs de Romainville (actuelle place Carnot ). Centre du village, au XIIIème siècle, on l’appelait place du Carrouge (carrefour) ; au XVIème siècle on disait place du Carquant, car c’est à cet emplacement que se dressait un carcan et le pilori ou poteau de justice aux armes du seigneur de Noisy.
Après la révolution, elle fut dénommée la « place publique ».
10 mai 1849, elle devint place Jeanne d’Arc suite à la construction d’une fontaine surmontée d’une statue de Jeanne d’Arc, œuvre d’une des filles de Louis Philippe.
Intéressons nous tout d’abord à la fontaine.
Elle correspond a un besoin de la population de 2 500 habitants qui ne disposent pas à l’intérieur du village de l’eau nécessaire (culture et bêtes de trait). La seule ressource était les eaux de pluie recueillies dans des tonneaux placés sous les égouts des toits. Les puits existants étaient fréquemment taris en été. Les habitants devaient aller chercher l’eau à la fontaine d’Orval située à 1 800 mètres du village. Ce forage devait également servir en cas d’incendie.
La délibération du Conseil Municipal, M Durin Antoine étant maire, nous apprend que les travaux de forage ont été confiés à un certain Georges Mulot ingénieur qui a réalisé auparavant le puits artésien dit « de Grenelle » à Paris. La pompe mise en place fonctionne depuis plusieurs jours afin de la débarrasser des matières boueuses et solides. Le forage est descendu a une profondeur de 36 mètres et l’eau a un volume important . La dépense pour le forage s’élève à 1 500 francs. Auxquels il faut ajouter le corps de pompe à volant et la construction d’un piédestal, œuvre de M. Lequeux architecte de l’arrondissement (on lui doit la mairie). Il est précisé que le piédestal est surmonté d’une statue de Jeanne d’Arc.
Malheureusement la fontaine ne fournira pas d’eau potable mais une eau chargée en sulfate de chaux comme tous les puits de la commune (à l’exception de la fontaine d’Orval).
La statue : elle est l’œuvre de Marie Christine Caroline Adélaïde Françoise Léopoldine d’Orléans, dite Marie d’Orléans. Elle est la deuxième ou troisième fille de Louis Philippe. Elle est douée d’un talent artistique reconnu et s’impose comme la première femme sculpteur romantique française.
La statue représente Jeanne serrant son épée sur son cœur comme un crucifix, la tête légèrement inclinée dans une attitude contemplative propre au style romantique. Il s’agit de l’épée de Sainte Catherine de Fierbois. 1429, Jeanne fille de paysans de Domrémy vient d’être reconnue comme l’envoyée de Dieu. Elle se rend à Tours pour récupérer l’armure que l’on a confectionnée pour elle. Quand on lui donne l’épée, elle la refuse sous prétexte que ses voix lui ont révélé l’existence d’une autre épée et donné ordre d’aller la chercher pour sa mission. Il s’agit de l’épée de Charles Martel, enterrée derrière l’autel de la chapelle de Sainte Catherine de Fierbois. Dans les minutes de son procès on peut lire : « J’écrivis aux ecclésiastiques dudit lieu qu’ils voulussent bien m’envoyer cette épée, et ils me l’envoyèrent. Elle n’était pas trop enfoncée en terre, derrière l’autel comme il me semble. Aussitôt après que l’épée eût été trouvée, les ecclésiastiques dudit lieu la frottèrent, et aussitôt la rouille tomba sans difficulté. Ce fut l’armurier de Tours qui l’alla chercher ».
Marie d’Orléans représente à la fois Jeanne la guerrière (armure et épée) mais aussi la vierge investie d’une mission divine. C’est déjà une sainte qu’elle représente alors que Jeanne ne sera canonisée que le 30 mai 1920.
1871, pendant le séjour des troupes à Noisy de 1870 à 1871, le mécanisme de la pompe de la fontaine a été endommagé et il fallu faire appel à un mécanicien de Paris.
1880, on supprime la pompe. La fontaine est alors alimentée par l’eau de la Marne.
27 juin 1885 installation d’un urinoir à 4 stalles installation devenue urgente par suite des établissements de commerce qui entourent cette place et par la grande circulation qui règne à ce point central.
1910, une nouvelle statue remplaça la première. Puis la fontaine ne donna plus d’eau.
1956, la statue de Jeanne est repeinte et dorée.
2 mai 1962, la statue est enlevée par l’entreprise Lingard (elle n’était pas fixée au socle) et est déposée à l’atelier de peinture de la ville.
7 mai 1962, démolition du piédestal par l’entreprise Genete. Constitué en pierre de taille il est brisé en morceaux sauf le couronnement qui a été déposé dans le square de la Justice de Paix. La gueule de lion est remise le 17 mai à l’atelier de peinture avant réemploi.
4 juillet 1962, la statue est mise en place sur son nouveau socle.
1964, la place est agrandie et la statue est déplacée.
La réhabilitation du centre ville dans les années 1970 modifie l’aspect de la place.