Hector Espaullard, historiographe de notre commune, rapporte qu’il existe une source dite d’Orval qui, selon lui :
« nous reporte à l’époque où le culte des pierres, des bois et des fontaines existait dans notre vieille Gaule car d’Orval est un nom d’origine celtique et l’antique racine « or » signifiait « feu et eau ».
Nous pouvons donc traduire Orval par « le vallon de la source ». Notons que c’est la même racine celtique qui est à l’origine du nom de la rivière Ourque ou Ourcq.
Sur un inventaire dressé en 1175 par Maître Cottereau, notaire, on trouve le nom de « la fontaine » pour désigner l’une des terres de la seigneurie de Noisy.
1400, le Font d’Orval appartient à la censive de Saint-Antoine. En 1408, dans l’état des terres relevant de cette dernière, la fontaine est dénommée « fons de grès » c’est à dire fontaine des grès. Le toponyme « fons » signifie « source ». A noter que dans la mythologie romaine, « fons » ou « fontus » ou « fontanus » est le Dieu des sources et des eaux courantes.
Pour Hector Espaullard le terme « grès » ne peut venir « que de quelques grosses pierres quartzeuses, menhirs sans aucun doute apportés là à grande peine, de fort loin peut-être car le sous sol noiséen ne renferme aucune roche de cette nature ».
La source, alimentée par une nappe souterraine, est assez abondante et ne tarit jamais. Contrairement à toutes les eaux du village qui sont séléniteuses, elle est bonne à la cuisson et au savonnage aussi elle avait une importance considérable. (définition : eau séléniteuse, eau qui contient du sulfate de calcium ; eau dure, qui ne cuit pas les légumes et ne dissout pas le savon). Et Hector Espaullard de conclure : « Rien d’étonnant à ce que cette fontaine n’ait été par nos ancêtres une source consacrée au-dessus de laquelle pouvait se trouver quelque monument mégalithique dans le lucus ou lieu druidique qui a conservé jusqu’à nos jours le nom de lieudit Les Loges. ». (Le lucus était pour les anciens Romains un lieu créé et habité par une divinité.)
Sur le cadastre napoléonien de 1812, le lieudit de la Fontaine porte le nom poétique et imagé de « les Frais Culs ».
La fontaine se situait dans le haut de l’actuelle rue de la Fontaine. Cette voie se prolongeait autrefois jusqu’à la rue de Brément (anciennement chemin de Noisy à Villemomble) sous le nom de la Fontaine au Merlan. Interrompue par la construction de l’autoroute A3, c’est aujourd’hui une impasse où sont installés les garages municipaux.
Jusqu’au milieu du 19ème siècle la Fontaine d’Orval suffit aux besoins de toute la population du village et du hameau de Merlan, ainsi que, pour partie, de la commune de Romainville. L’eau était transportée à dos d’âne dans des « bachots » spéciaux et chaque ménage en possédait toujours en réserve une certaine quantité.
C’est peut-être pourquoi, en 1836, les Noiséens refusent l’installation d’une canalisation d’eau de Seine puisée aux environs de Saint-Denis mais douze ans plus tard ils approuvèrent unanimement le projet de création sur la place publique d’un puits suffisamment profond pour atteindre une nappe d’eau potable. Ce sera la Fontaine de la Place Jeanne d’Arc.
A la même époque, c’est à dire vers 1840, il existait des porteurs d’eau qui étaient autorisés à aller chercher de l’eau de Seine au réservoir de la Villette. Dans un registre des actes du maire on peut lire :
« nous soussigné, maire de la commune de Noisy, autorisons le sieur Quéant demeurant rue de l’Eglise, à faire le service de porteur d’eau, tant à Noisy que dans le hameau de Merlan et habitations environnantes, avec une voiture à tonneau trainée par un cheval et portant le n°376. L’eau vendue par le dit Quéant devra être prise soit à la fontaine d’Orval, soit au réservoir d’eau de Seine à la petite Villette route de Meaux et non ailleurs » fait à Noisy le 29 juillet 1840, signé Du Mousseau maire.
Au début les eaux de la fontaine s’écoulaient librement et se perdait au fond de la vallée. Elle fut transformée en une sorte de puits ou l’on puise l’eau à l’aide d’une corde.
Cote 1D12, 1910 : « achat d’une chaine et d’un seau pour le puits dit « de la Fontaine »
« Le Conseil considérant que les nombreux piétons qui se rendent au puits dit de la Fontaine ne peuvent se désaltérer , faute d’une chaine et d’un seau, autorise l’achat de ces deux objets et dit que la dépense sera imputée sur l’article des promenades publiques. »
1875, la fontaine est restaurée. Il y a une niche où on pouvait lire l’inscription suivante :
Commune de Noisy-le-Sec.
Cette fontaine a été restaurée en 1875 par les soins de M.M. A. Bonnevalle, maire
Délépine et Roussel, adjoints
Et le Conseil Municipal
En reconnaissance de cette bonne œuvre les messieurs de l’an 1878,
A. Damoiselet, U Damoiselet, E. Danquechin, A. Délepine, Ph Dubout, E. Durin
1881, le 14 juillet, une nouvelle plaque est posée en dessous de la précédente. On peut y lire :
« R F, L’an 1881, le 14 juillet, les Messieurs de cette année engagent les consommateurs de ce vin blanc a ne pas emporter leur casserole en fer blanc afin de leur éviter le danger de se noyer. Signatures : E. Laureaux, L Brot, AC Nicolas, L Prudhomme, AM Nicolas, L Caillard. »
1931, le 6 novembre. Registre des délibérations du C.M n° 281 : « Le Conseil considérant qu’il a été posé une borne fontaine chemin pavé de la Fontaine, à l’angle des sentes du fonds d’Orval et de la place Saint Martin,
Considérant que si autrefois la source d’Orval était abondante et avait un débit important, il n’en est plus de même actuellement.
Considérant que, dans cette fontaine aménagée en une sorte de puits, les habitants du quartier jettent toutes sortes de détritus qui sont susceptibles de le contaminer et que , de ce fait, le puisage de l’eau peut être dangereux pour la santé publique.
Sur l’avis conforme de la commission des travaux et finances
Délibère
La fontaine d’Orval sera murée. Une légère ouverture sera laissée pour faciliter, en cas de besoin, l’écoulement du trop plein et un trou aménagé dans la hauteur pour permettre le passage du tuyau d’aspiration d’une pompe à incendie. » Cote 1D22
1938, les travaux de viabilité effectués entrainent la disparition de l’édicule et les eaux furent envoyées directement à l’égout.