Les types de moulin les plus connus sont :
– le moulin à vent : une tour en pierre ou en bois avec 4 ailes
– le moulin à eau : une bâtisse le long d’un cours d’eau avec sa roue à aubes.
Intéressons plus particulièrement au moulin à vent puisque c’est ce type de moulin que l’on trouvait sur le territoire de notre commune.
Les premières mentions de moulins à vent apparaissent à la fin du XIème siècle on peut donc penser que leur création remonte au début de ce siècle, sans preuve formelle. C’est surtout au début du XIIème siècle qu’ils se développent. Sachez qu’il existe plusieurs types de moulin à vent : le moulin à pivot et le moulin tour. C’est ce dernier type que l’on trouvait à Noisy-le-Sec (à l’exception du moulin Baron, voir ci-dessous).
Les deux types de moulin à vent : moulin-tour et moulin-pivot
Le moulin tour à un corps fixe, généralement en pierre, surmonté d’une toiture pouvant pivoter à 360° supportant les ailes et abritant le rouet et la lanterne. Pour mettre les ailes face au vent, l’arrière du moulin a une sorte de queue descendant jusqu’au sol et que le meunier peut utiliser. La tour a deux portes opposées permettant au meunier d’entrer ou de sortir quelle que soit la position des ailes (origine de l’expression « entrer comme dans un moulin », aujourd’hui utilisée pour parler de la facilité à entrer chez quelqu’un ou dans un commerce). A l’intérieur il y a un escalier qui permet d’accéder aux meules et aux mécanismes. Selon la taille du moulin, il peut y avoir une paire ou deux voir trois de meules.
Les ailes : il existe différents types d’ailes selon les régions. Elles peuvent atteindre 7m voir dans certains cas 12m de long. Afin que les ailes puissent tourner, elles sont légèrement obliques par rapport au plan de rotation. A partir de 1845, la toile est remplacée par des assemblages de planches en bois mobiles. Le meunier peut régler de l’intérieur la surface des ailes du moulin. Il n’a plus à grimper sur les ailes pour installer ou retirer les toiles.
Le nombre des moulins d’Ile de France est important car ils jouent un rôle primordial pour la vie locale mais aussi pour l’alimentation de Paris. Souvenons-nous que l’on moissonnait encore avenue de Bondy (Galliéni) en 1910.
Leur proximité de Paris est aussi un inconvénient puisqu’ils ont été au cours des siècles objets de rapines, d’incendies et du passages déprédateurs des envahisseurs, tel le moulin Fondu à Noisy-le-Sec comme nous le verrons plus tard.
Ils ont disparus, écroulés, brulés, abandonnés, leur principe remplacé par de nouvelles technologies. Le vent est aléatoire, la vapeur elle fabrique à volonté de l’énergie. De plus, une loi taxera de la même façon les moulins et les minoteries.
Alphonse Daudet a retracé dans « Le secret de maître Cornille », le déclin de ce métier artisanal.
» …Malheureusement, des Français de Paris eurent l’idée d’établir une minoterie à vapeur, sur la route de Tarascon. Tout nouveau, tout beau! Les gens prirent l’habitude d’envoyer leurs blés aux minotiers, et les pauvres moulins à vent restèrent sans ouvrage. Pendant quelques temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l’un après l’autre, pécaïre! ils furent tous obligés de fermer…. »
Une fois immobilisé faute d’ouvrage, les meuniers se décidaient à l’abattre. Le besoin de matériau, la pénurie de bois de chauffage, le souci de récupérer l’emplacement pour la mise en culture, et plus que tout, le fisc, inexorable, qui continuait à exiger l’impôt des meuniers, devenus chômeurs, ont contribué à cette destruction massive.
Henry Chéron, ministre de la troisième république admit qu’on cessa d’imposer les moulins à vent, à condition qu’ils deviennent « à usage agricole » ( stockage de matériel ) ou « bâtiment rural ». Mais le vague dans l’article de loi, le zèle de certains agents du fisc, poussèrent nombre de propriétaires à la démolition complète. C’est ainsi que dans la période de vingt ans séparant les deux guerres mondiales, la plupart des moulins condamnés à l’immobilité disparurent.
Emplacement des moulins noiséens – source : Moulins d’Aulnoye et d’alentour
Histoire des moulins noiséens
Le premier moulin dont nous trouvons trace est le moulin Vieux des Monteux (n°1 sur le plan).
Hector Espaullard atteste la présence d’un moulin dans le canton dit des Monteux. Ce toponyme signifie « petite colline », « monticule ». Il s’agit d’un vaste canton comprenant les Monteux, les Bas Monteux et les Hauts Monteux. La première fois que nous relevons la présence de ce moulin sur le territoire de Noisy émane d’un acte contenu dans un aveu du 14 février 1374 rendu à l’Evêque de Paris comme suzerain du sieur de Montjay.
NB : un aveu au Moyen-Age est une charte délivrée par le vassal à son seigneur, attestant sa prestation de foi et d’hommage à l’acquisition de son fief.
Cet aveu est connu de nos jours car il a été repris, partiellement par M de Mauperché dans sa déclaration au Roi en 1780.
Le fief de Montjay consistait en un domaine de 122 arpents (soit environ 7kms2). La moulin dépendait donc à cette date de 1374 de la seigneurie de Montjay
« Estat au vray du revenu de la baronie de Montjay à Noisy-le-Sec près Bondis le moulin à vent dudit lieu a esté baillé à rente 6 livres et 11 chapons. »
Sans pouvoir préciser de date, nous savons que, par le biais de donations, le domaine apparaît dans le terrier de la seigneurie de Saint-Maur. En 1518, Pierre Petit déclare « deux arpents assis où de présent sont deux moulins à vent tenant d’une part aux hoirs de Jean Boulias…d’un bout à M. Jean de la haye… deux deniers parisis« .
En 1522-1530, il est encore fait état de deux moulins, le premier d’entre eux étant sans doute le Moulin de la Grande Tour (mis en service en 1501 comme nous le verrons plus tard).
Après 1530, il n’est plus fait mention que d’un moulin, celui de la Grande Tour. Peut-être le moulin de la Grande Tour avait-il été prévu pour le remplacer ? Cependant, selon Espaullard, ce n’est qu’au 18e siècle qu’aurait disparu le Moulin Vieux des Monteux.
Le moulin Hervy ou Harvy, n°5 sur le plan
On trouve trace d’un lieudit « moulin Hervy » dans un acte de l’an 1618. En 1665, on trouve mention du chemin qui « conduit dudit moulin Hervy au chemin des Processions ». Aucun bâtiment n’est figuré sur la carte de l’abbé Delagrive dressée en 1740, nous pouvons en conclure que ce moulin était démoli à cette date.
Ce moulin se trouvait au bord du chemin conduisant de Merlan au vieux château de Bondy, à l’endroit où passe aujourd’hui la ligne de Mulhouse. Les fondations en furent mises à jour lorsque l’on creusa vers 1850, la tranchée nécessaire à l’établissement de cette voie ferrée. Son nom viendrait de celui d’une famille ayant vécu à Noisy aux XVI et XVIIème siècles. Le meunier aurait sans doute laissé son nom au moulin.
Suivant une tradition orale (cf. Hector Espaullard), le moulin Baron de Bondy aurait succédé au moulin Hervy dont le fonctionnement devenait défectueux par suite de l’extension de la culture du noyer aux environs de Merlan. Si ces dires sont vrais, cela signifie que le moulin aurait disparu avant 1579. Seule l’allée du moulin Harvy rappelle l’existence du moulin.
Le moulin Baron ou moulin Gravas, n°6 sur le plan
Ce moulin se trouvait à la limite des terroirs de Noisy et de Bondy sur le chemin conduisant du bas Merlan à la Troche – de nos jours les rues du Vieux Moulin et du Vieux Moulin Prolongée sur Noisy-le-Sec et sur Bondy la rue du Vieux Moulin et l’allée du Moulin qui conduisait à celui-ci.
Un aveu de 1579 contient des renseignements précieux sur le circuit de la terre de Bondy :
« et dudit chemin qui conduit à Merlan, se poursuit et conduit droit le moulin des héritiers feu le Capitaine Baron ». Le moulin existait donc dès le XVIème siècle. En 1668 on le trouve désigné « moulin à vent de Bondis, près des chemins conduisant de Merlan à Bondis. » Pierre Dinault en était meunier en 1707.
Aujourd’hui, l’emplacement qu’il occupait dépend exclusivement de la commune de Bondy. La limite entre les territoires de Noisy et Bondy a bougé au cours des temps puisque le moulin était considéré comme relevant de la paroisse de Noisy dans les registres de la prévôté de Merlan vers 1780, où il est plusieurs fois question du Moulin Baron.
Hector Espaullard nous rappelle que les limites entre les paroisses de Noisy et Bondy furent toujours indécises, cela tient en partie à la situation excentrée de ce dernier village dans son terroir mais aussi à l’enchevêtrement des seigneuries dont les bornes ne coïncident pas avec celles des territoires de la dîme.
Pourquoi ce nom ? En 1539 et 1545, on trouve un Nicole Baron, bailli et capitaine à Mantes et à Meulan qui possède plusieurs maisons, des terres, des prés à Rosny-sous-Bois. Il est possible qu’il ait possédé ce moulin mais ce n’est pas certain.
Le moulin Baron fonctionnait encore vers 1850 ; il était alors construit en bois (tour à pivot). On l’appelait également moulin Gravas ou Gravat du nom du dernier meunier. Le moulin apparaît sur la carte de Cassini (1736) au lieudit Le Brichet.
Dans « Le Conducteur Français » de 1778 il a été relevé la description de l’itinéraire suivi par la diligence de Paris à Meaux :
« avant d’arriver à Bondy, on aperçoit le château d’Avron au-dessus du mur du moulin que l’on voit à droite, derrière le village. »
Par cette description on déduit que le moulin était alors entouré par un mur qui devait entourer la propriété. Ce mur n’apparaît plus sur la gravure ci-dessus.
Sources :
moulinsidf.com
Hector Espaullard, Noisy-le-Sec, village heureux, ville martyre
Jean Claude Gaillard, Moulins d’Aulnoye et d’Alentour (Société Historique du Raincy)