Noisy le 25 avril 1915
Cher frère,
J’ai été surpris d’apprendre que tu avais quitter Langres pour aller au front, je pense que tu n’est pas très malheureux tout de même. Je ne sais si tu as reçu ma dernière carte car je l’ai encore adressé au dépôt.
Tu ne seras pas surpris de recevoir un petit colis que je t’ai fait envoyer par le Foyer de Paris. Je crois il doit y avoir une chemise un caleçon des chaussettes et je ne sais pas au juste ce qu’il y a dedans . Pour les nouvelles du pays tu dois en avoir aussi mais moi j’en ai reçu de Maman cette semaine elle me dit que les deux fils du Père Burgy sont tués, Alphonse Pernot, Alfred Chapusat, le fils Aragon ton ancien patron sont tués aussi tu vois c’est terrible.
J’ai su par Maxime, qui est aller à Paris hier, le cousin Eugène vas partir aussi . Emile, je lui écrit comme à toi car il doit quitter Epinal . Il n’y a plus de chevaux au dépôt. Edouard s’attend à partir tous les jours. Marie est allée le voir dimanche mais je ne l’ai pas vu depuis alors je n’en ai pas de nouvelles.
Je ne vois plus rien à te dire pour le moment. Ecris moi bientôt pour voir Samuel des nouvelles car je voudrais bien aller le voir à H..Marie se joint à moi pour t’embrasser bien fort.
Ton frère qui t’aime
G. Petit
Je t’écris étant de nuit en chargeant les colis postaux.
