René Fleury est né le 2 février 1899 à Pantin. Lorsque le conflit éclate en 1914, il demeure au 88 rue de Brément à Noisy-le-Sec. A 18 ans il se porte volontaire, son père s’étant jusque là opposé à son départ. Il est affecté à l’armée de mer. Il est apprenti marin sur le cuirassé d’escadre Vergniaud. Il embarque à Toulon.
Le 13 août 1917, il reçoit « à titre gratuit » une plaque d’identité et le 17 août 1917, il embarque à Brest sur le Condorcet. Le Condorcet a été construit par les chantiers de Saint-Nazaire et mis à flot en 1909. Il sera converti en cargo en 1932 puis sabordé à Toulon en 1942. A la déclaration de la guerre le navire est stationné dans les eaux grecques et l’Adriatique. Il y reste jusqu’à la fin de la guerre.
René Fleury obtient son brevet d’électricien le 1er août 1918 après avoir étudié le Manuel du marin torpilleur.
En 1919 des mutineries de soldats et de marins français éclatent en mer Noire. Comment expliquer ce mouvement ?
Le régime impérial russe a été renversé en septembre 1917 et la Russie connaît à la fois la guerre civile et l’intervention étrangère. Lénine signe une paix séparée avec l’Allemagne (le traité de Brest-Litovsk 3 mars 1918). Les pays alliés (France, Angleterre, Grèce,..) décident d’occuper les ports russes de la mer Noire afin d’étouffer l’économie soviétique et d’isoler l’Europe de la contagion des idées révolutionnaires. Le gouvernement français soutient les forces russes « blanches » (tsaristes) contre les révolutionnaires « rouges « (bolchéviques).
En 1919 la guerre est théoriquement achevée mais un grand nombre de marins ne sont pas démobilisés et se trouvent de fait entrainés dans une opération destinée à défendre des intérêts qui les dépassent. Le « ras-le-bol » et le refus de jouer aux contre-révolutionnaires, de se transformer en « gardiens de la bourgeoisie » vont aboutir à des mutineries. Elle se situent essentiellement entre le 10 et le 30 avril.
Le 20 avril, le Vergniaud hisse le drapeau rouge pendant quelques heures au chant de l’Internationale (sans abaisser l drapeau tricolore).
Sur le Condorcet, la protestation est coordonnée par un Comité Révolutionnaire de marins. Quel fut le rôle exact de René Fleury, dans ces soulèvements nous ne le savons pas. En fait les équipages sont démoralisés par une guerre longue et l’armistice pour eux c’est la démobilisation : « Nous ne sommes pas en guerre contre les Russes ; nous voulons rentrer en France » répètent-ils.
Les mutineries freinent l’intervention française en Russie, bien que se celle-ci se prolongera jusqu’en 1920.
Petite histoire : la famille pensait qu’il serait tué et avait donné le nom de Renée à une petite fille née en 1918 ou 1919 (qui n’a pas vécue). Impossible d’en savoir plus car le livret de famille a disparu.
21 mars 1920, ayant fini son engagement, il se retire à Noisy-le-Sec, au 88 rue de Brément.
1927, il se marie… mais ceci est une autre histoire.
sources :
Danièle Clayette