Au cours d’une réunion de Noisy-le-Sec Histoire(s), au début de l’année 2013, un participant a évoqué l’existence énigmatique d’une statue visible de la N.3, dans une zone industrielle. Intrigués, nous avons décidé d’aller voir sur place de quoi il s’agissait. L’aventure a commencé au pont de Bondy, quand nous nous sommes engagés à pied sur les trottoirs ( ?) en direction du carrefour de la Folie, seuls piétons sur des rives désertes au milieu des ateliers et des friches industrielles ! Nous désespérions de trouver, quand après les entrepôts verts et abandonnés de Conforama , nous avons aperçu de l’autre côté de l’avenue, à gauche vers la Folie, un buste de femme blanc au sommet d’une butte. Malgré une traversée périlleuse, nous avons pu finalement accéder au site !
Photographies depuis les abords immédiats, au-dessus du mur, au pied de la butte : le buste représente un visage de femme à l’expression assez dramatique qui nous sembla de style Art Déco. Nous décidâmes de pousser l’enquête un peu plus loin .A une vingtaine de mètres, un large chemin menait à un chantier de récupération de gravats. Ne croisant personne, respectant les appels à la prudence, nous nous sommes approchés du terre-plein couvert de broussailles à l’intérieur du site, jusqu’au pied de la butte où nous avons pu prendre de nouvelles photos, à l’arrière du buste. Repérant un préfabriqué de chantier, nous avons cherché un responsable. Le jeune employé de l’accueil nous a reçus gentiment. Sur place depuis environ deux ans, il n’avait jamais remarqué la statue et ne put évidemment pas nous fournir la moindre explication…Nous présentant comme des membres de l’association Noisy-le-Sec Histoire(s), nous pûmes tout de même avoir confirmation que l’entreprise – en l’occurrence Véolia-traitement des déchets –se trouvait bien sur le territoire noiséen, avec une adresse précise.
Une lettre adressée à un hypothétique directeur du site est restée, comme nous nous en doutions, sans réponse. Nous avons alors interrogé les plus anciens retraités cheminots que nous connaissions, car les terrains avoisinants appartiennent à la SNCF. Le visage assez expressif de la statue pouvait faire penser à un monument commémoratif d’une bataille ou d’un bombardement. Réponses négatives de tous les côtés.
Nous avons donc décidé de nous rendre aux archives départementales de Bobigny. Là non plus, pas d’informations sur la statue mais grand intérêt du personnel présent qui nous offrit de consulter les quelques documents de cadastre conservés là. Le terrain (avec des changements de numérotation) avait appartenu à diverses petites entreprises, mais rien qui puisse se rapporter à nos recherches. La consultation, à la médiathèque, des ouvrages sur les villes de la Seine Saint Denis ne nous donne pas d’autres pistes. Sur internet, le visionnage de sculptures diverses semble confirmer le style Art Déco.
Début Novembre, nous décidons de retourner sur le site. A l’accueil, le jeune homme nous reconnaît et nous indique que le chef de chantier est présent et que nous pouvons le rencontrer. Là vont s’achever nos fantasmes sur l’éventuelle édification d’un monument commémoratif ou l’existence d’un atelier de sculpteur ! La réalité est plus prosaïque… La tête monumentale gisait au milieu d’un camion de gravats et le chef de chantier, plutôt que de l’envoyer à la destruction, décida à l’aide d’une grue, de la déposer là où elle est maintenant depuis un certain nombre d’années, moins de dix d’après eux. Impossible de connaître l’origine de ces déchets, l’entreprise ayant un large rayon d’action. Un gros tas de déblais nous a empêchés de monter jusqu’à la statue, mais cela demeurera possible si l’endroit est dégagé par la suite. Comme nous soulignions l’intérêt que pouvait avoir une telle œuvre d’art pour une association comme la nôtre, ce responsable se proposa d’en faire don à la ville de Noisy et même de la transporter où nous souhaitions ! Paroles en l’air ou volonté réelle ? A vérifier…
Il n’en demeure pas moins que le mystère demeure quant à l’origine de la statue. L’enquête peut continuer !
Paule et Jean Bergé