Notre précédent article du 17 octobre 2012, intitulé “Aramis à Noisy-le-Sec, la fin d’un mythe” a entrainé de nombreuses réactions. Jacques Verschraeghen a fait pour nous une relecture “géographique” de Vingt Ans après, roman publié en feuilleton dans “Siècle” en 1845.
Chapitre neuvième : “Le plan de d’Artagnan était parfaitement arrêté : il ne voulait pas arriver de jour à Noisy, de peur d’être reconnu. Il avait donc du temps devant lui, Noisy n’étant qu’à trois ou quatre lieues de Paris, sur la route de Meaux.”
– Noisy est sur la route de Meaux, à trois ou quatre lieues de Paris, soit environ 12 kms
“Il commença…, il fit seller les deux chevaux et, suivi de Planchet, il sortit par la barrière de la Villette”
M. Verschraeghen indique : “Quand d’Artagnan parle de la barrière de la “Villette, il s’agit de l’une des portes aménagées dans l’enceinte érigée par les fermiers généraux en 1787 où sont établis les bureaux d’octroi (on ne pouvait donc pas vers 1647 passer cette porte). Si vous êtes curieux, munissez-vous d’un plan du “métro”, le tracé du mur des fermiers généraux correspond rigoureusement au tracé des lignes n°6 au sud et n°2 au nord, l’une des stations de cette dernière porte justement le nom d’Alexandre Dumas et la station Stalingrad correspond à la barrière de la Villette.”
“A une lieue et demie de Paris, d’Artagnan… s’arrêta pour faire souffler les chevaux. … L’auberge était pleine de gens de mauvaise mine… il s’approcha de la maîtresse de maison, insoucieusement, vanta son vin, qui était d’un horrible cru de Montreuil, lui fit quelques questions sur Noisy”
– Noisy est proche de Montreuil…
Chapitre dixième (d’Artagnan a retrouvé Aramis) : “Alors voilà les savants fixes, reprit d’Artagnan… Le paradis est à Noisy le Sec,…” Notre adhérent précise qu’il s’agit là d’une réflexion sarcastique de la part de d’Artagnan.
Et M. Verschraeghen de conclure : “C’est assurément la description du trajet de Paris centre vers notre Noisy-le-Sec dont il s’agit ! Il n’y a pas de confusion possible.”
Alain Decaux écrit dans sa préface des oeuvres de Dumas : “Il n’y a pas de vérités historiques dans les Trois Mousquetaires et Vingt Ans après.”
Laissons le mot de la fin à Dumas lui même : “il est permis de violer l’Histoire, à condition de lui faire un enfant ‘”
1 commentaire
Flabbée says:
Juin 5, 2013
En relisant Dumas et Retz, je suis frappé par les similitudes entre Aramis et le « coadjuteur », seigneur de Noisy le Roi,futur Archevêque de Paris et Cardinal de Retz: tous deux dignitaires religieux mais prompts à se battre en duel,grand séducteurs, comploteurs de première grandeur, et …ennemis intimes du Prince de Marcillac, le futur La Rochefoucaud des « Maximes ». Du reste, dans « 20 ans », chapitre 44, on trouve ce dialogue avec Athos:
« -D’abord un coup d’épée au coadjuteur…
-Fi donc! Une querelle entre prêtres…
– Que voulez-vous, mon cher! il est ferrailleur, et moi aussi; il court les ruelles, et moi aussi; sa soutane lui pèse, et j’ai, je crois, assez de la mienne; je crois parfois qu’il est Aramis et que je suis le coadjuteur… »
On avait sans doute fait la remarque à Dumas, car cela ressemble à un aveux-justification. Du coup, le choix de Noisy s’éclaire, puisque Gondi avait fait de Noisy le Roi un repaire de frondeurs. Mais le brouillage des piste géographique ne s’explique toujours pas…