Le maire de Noisy le Sec inaugure un ensemble de maisons individuelles construites par des volontaires de l’association des « Castors », et remet les clefs de ces pavillons à leurs heureux propriétaires.
Journal télévisé de 20H00 – 05/05/1957
Le mouvement Castor *
Le terme de « Castor » est associé, dans l’histoire du logement social, aux années 50, quand des initiatives d’autoconstruction organisée ont émergé, sous forme associative, dans beaucoup d’endroits de France. Mais la séquence chronologique dans laquelle il s’est exprimé s’étale en réalité sur une trentaine d’années, même si au début des années 80, ce mouvement n’était plus qu’à l’état résiduel. Plusieurs traits caractérisent le mouvement.
C’est une entreprise originale dictée par des réflexes de solidarité, hérités en partie de l’expérience de la Résistance. C’est la marque d’un état d’esprit. Les premières initiatives remontent effectivement à 1945.(…) En 1950, est créée l’Union nationale des Castors. Les initiateurs du mouvement sont d’origine diverses : associations de mal logés, comités d’entreprise, territorialités locales. L’origine sociale et politique, émanant certes de courants disparates, est révélatrice d’une époque. Les associations de Castors ont généré une « production sociale », variable suivant le degré d’implication de ses membres actifs. Bien entendu la partie visible, aujourd’hui encore, c’est l’habitat construit, mais il y a eu aussi des formes originales de participation et d’autogestion. Ce mouvement est à mettre en relation avec d’autres courants communautaires, actifs à la même époque, en particulier le mouvement populaire des familles (MPF) et les squatters. Enfin, il faut souligner que ce mouvement n’est pas strictement français. (…)
Le Castor s’engage par la voie associative à se conformer à des règles qui fondent le castorat. Il se démarque de fait assez nettement de l’autoconstructeur spontané qui agit tout seul en créant et en activant son propre réseau. (…)Le Castor a un recours systématique à la pratique de l’autoconstruction, mais s’il ne représente pas à lui tout seul, loin s’en faut, le « groupe social », de l’ensemble des autoconstructeurs, il bénéficie d’une sorte de label qui lui permet de recevoir une aide au logement. Le process de la construction, sans négliger l’apport financier, passe par un apport en heures de travail.
« Le castor est un mal logé qui opte pour la seule formule de construction qui lui permet de loger les siens et n’a que son travail à offrir pour remplacer l’apport initial financier qui est demandé dans n’importe quel organisme faisant de l’accession à la propriété. » Ecomusée de Fresne.
Castor des transports
L’exemple de la RATP en région parisienne mérite d’être souligné. En 1952, au cours d’une réunion des anciens combattants, il est décidé, sur une proposition de la présidente des oeuvres sociales, Madame Bouchet, d’organiser la construction des logements pour les agents de la RATP non logés ou mal logés. Madame Bouchet , assistante sociale à la RATP, est la veuve du commandant Louis Bouchet, chef du groupe des résistants du métro fusillé à Vincennes le 21 août 1944. (…) Quatre groupes de Castors sont créés sous forme de sociétés civiles immmobilières. (…) Les milieux issus de la Résistance furent fortement impliqués dans cette aventure. 55 chantiers collectifs furent menés à bien et 1396 logements construits. »
* Texte extrait de l’ouvrage : La maison que Pierre a bâtie. Pierre Gaudin et Isabelle Cardoso. Éditions Créaphis.