Portraits
“Moi, je fondais l’or en lingots de douze kilos…”
Quand ils m’ont embauché, ils m’ont mis directement dans l’or. C’était un travail assez compliqué et très précis. On nous donnait toutes nos préparations, de l’or, de l’argent, du cuivre et je devais faire l’alliage. Par jour, je fondais 120 kg d’or.
Max, fondeur, 27 ans de Comptoir
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“On a tout appris : à enrouler,à tisser, à régler les métiers.”
Chantal préparait les bobines qu’on mettait sur un charriot. On mettait les petits fils sur un peigne qu’on accrochait au
rouleau. Une fois tous les fils enroulés, on passait ça à travers des lices, et on avait un autre rouleau devant. La navette
traversait le peigne de part en part. À l’arrivée, on avait des toiles platine. Je suis resté 27 ans, et j’ai pas mal tourné.
Yannick, ouvrier professionnel – 27 ans de Comptoir
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“Je dis toujours j’ai une culture de la qualité.”
Je travaillais dans le secteur bijouterie, on faisait des apprêts, c’est la base des bijoux, plusieurs éléments qui étaient
après assemblés pour faire des bijoux. Et avec ça on fournissait tous les grands noms de la bijouterie.
Gilles, technicien d’atelier, 28 ans de Comptoir
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“J’étais venue bosser pour 15 jours, en job d’été. J’y suis restée 28 ans.”
Mon père a travaillé là-bas 42 ans. Un jour il me dit : “si tu veux en juillet, ils te prennent pendant les vacances”.
J’ai débuté ma carrière en job d’été. C’est assez rigolo, mais je ne suis pas déçue. Je ne regrette pas.
Carole, ouvrière professionnelle, 28 ans de Comptoir
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“On réclamait des tabliers en amiante. Pour les métaux chauds, c’était vraiment l’idéal.”
À l’époque, on n’avait pas non plus la même notion de la sécurité au niveau des produits. Moi, pendant un an et demi on m’a fait travailler les plateaux d’amiante, comme ça à nu. J’ai des bons souvenirs de l’usine, mais si j’étais resté là, c’est sûr je serai mort d’un cancer de l’amiante.
Bernard, ouvrier professionnel, 9 ans de Comptoir
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“Je suis rentré le 8 décembre 76 et j’ai eu mon accident le 7 décembre 79, trois ans pile.”
J’ai fait 7 mois d’hospitalisation, 1 mois à Boucicaut, 6 mois au centre de rééducation fonctionnelle de St Cloud. J’ai été arrêté pendant trois ans. C’est pour ça qu’après on m’a mis au laboratoire.
Amadou, ouvrier professionnel, 24 ans de Comptoir
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“Oh, il y en a eu des histoires. Des couples qui se sont rencontrés.”
Moi j’ai fait plusieurs postes. Je suis arrivée à peu près en 1980-81. Je suis rentrée par intérim et on m’a gardée. J’ai démarré aux tubes avec papy l’espagnol… Avec mon mari, on s’est rencontrés dans le couloir des toiles platines là-haut et on a sympathisé, tout ça.
Pascale, ouvrière professionnelle, 8 ans de Comptoir
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“J’étais connu comme le loup blanc dans Noisy.”
J’ai adhéré à la CGT en 1958, en mai 58 contre le retour de De Gaulle et j’ai tout de suite été militant, je n’étais pas le mec qui paye ses timbres et on n’en parle plus. Je suis rentré au CLAL en 65 avec un faux certificat de travail parce j’étais fiché partout pour activités syndicales et j’en suis sorti manu militari en février 69.
Gérard, ouvrier professionnel, 3,5 ans de Comptoir
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“Finalement j’ai choisi de partir.”
J’ai travaillé ici 40 ans. A Noisy, on fabriquait des outils de découpe pour toutes les entreprises électriques et mécaniques. Mon atelier s’occupait de la bonne marche des outils du service « contactage ». Puis j’ai travaillé 15 ans sur le site de Fontenay comme outilleur. À 58 ans, je suis revenu ici à Noisy. Le métier était moins intéressant. Alors on m’a donné le choix, partir en préretraite à 58 ans ou rester jusqu’à la fin.
Jean, outilleur ajusteur, puis cadre, 40 ans de Comptoir
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“Je suis rentré en 74 et j’ai arrêté en 2003.”
J’ai passé toute une vie au Comptoir.
Elimane, ouvrier professionnel, 29 ans de Comptoir
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